La Route 61, la route des Bluesmen

Éclipsée par la Mother Road (la 66), la Route 61 reste une des routes mythiques des USA à faire au moins une fois dans sa vie… Elle fut la route des bluesmen qui, en quête d’une vie meilleure migrèrent vers les industries du Nord.

Le Blues est né dans le delta du Mississipi, dans les innombrables champs de coton qui parsemaient le Sud. Les esclaves noirs, arrachés à leurs terres africaines et amenés dans le delta insalubre pour exploiter les terres, n’avaient pas le droit de se réunir, sauf le dimanche où, jour du seigneur oblige, ils avaient l’obligation d’assister à la messe. C’est là que naîtra le Gospel.

Inspiré du Gospel et des chants religieux américain, on retrouve dans le blues un mélange d’origine africaine, de chants évangélistes (les calls & response – appels et réponses souvent utilisés dans les chants gospels, une phrase appelant une réponse, un amen ou un alléluia) mais aussi de chants folkloriques irlandais, immigrants bon marché venus grossir les rangs des travailleurs pauvres du sud.

A l’abolition de l’esclavage, les esclaves maintenant libres, sont restés dans le Sud, dans les plantations, n’ayant d’autres choix qui s’offraient à eux. Même si l’esclavage était aboli, la ségrégation restait prenante, et n’étaient pas autorisés à travailler où ils le souhaitaient. Ils restèrent donc dans les plantations, travaillant pour une misère pour le compte de leurs anciens maîtres.

La ségrégation étant très prenante dans les états du Sud, les travailleurs n’avaient d’autres choix que la révolte (réprimée très durement) ou l’exil vers le Nord. C’est ainsi qu’au milieu des années 20, le blues arriva à Memphis. Memphis était le berceau de la musique Country, mais aussi le lieu où on trouvait tous les studios d’enregistrement du Sud. C’est ainsi que les premiers disques furent pressés. Le développement du Blues y fut très rapide, à tel point qu’un quartier lui fut même dédié et il s’actionne encore aujourd’hui autour de Beale Street.

On assistera aussi à ce moment-là au développement du Rythm’Blues, mélange du Blues et de la Soul remontée elle aussi du Delta du Mississipi. Viendra ensuite l’essor du Rock’nd Roll dans la même ville, avec notamment Elvis Presley.

Finalement, aucune date exacte ne ressort pour la naissance de la musique blues. Elle se transmettait apparemment de tradition orale dans les plantations. W.C.Handy, serait le premier à mettre en partition cette musique si particulière au début des années 1900. Fils d’un pasteur évangéliste, il découvrit apparemment le blues en attendant le train dans le delta du Mississipi où il fut réveillé par un  » vieux Nègre barbu qui jouait sur sa guitare avec un couteau » donnant ce son si particulier au Blues.

Dans les années 30, le Blues remonte progressivement jusqu’à St Louis, qui est un véritable carrefour de migration, soit Nord/ Sud pour les travailleurs pauvres ou bien vers la conquête de l’Ouest avec la Route 66. Le Blues intégrera à ce moment-là de nouvelles techniques comme le Flatpicking (fait de porter un médiator) venu de Caroline du Nord et se rapprochant du son du banjo.

Le Blues parle de Dieu mais aussi du Diable, ainsi la légende raconte que R. Johnson, travailleur noir des champs de coton, aurait passer un pacte avec le diable (vers 1930-1932) pour savoir jouer de cette musique comme personne. La légende perdure puisqu’aujourd’hui à Clarksdale, vous pouvez voir le monument aux 3 guitares érigé au carrefour où aurait été passé le pacte. Il mourra finalement à 27 ans en 1938, sans avoir eu le temps de connaître la gloire. Mais en 2003, le magasine Rolling Stones, l’a élu cinquième meilleur guitariste de tous les temps.

Le Blues arrive enfin à Chicago à la fin des années 30. La ville attire par le travail ouvrier en abondance, c’est une terre promise pour de nombreux travailleurs et la ville connaîtra une grosse immigration dans ces années post-dépression. Beaucoup de musiciens jouent dans les bars de la prohibition, pour oublier leur dur labeur mais qui permet de distraire les bien-pensants dans la capitale du crime.

On trouvera autour de Lawrence Street, un bon nombre de tripots qui se développent, avec notamment le Green Mills (bar de jazz et blues dans lequel on peut toujours y voir des show-case).

Le Blues devient alors une des principales attractions de la Ville. Il se développe et change avec les guitares électriques. Elles permettent d’amplifier le son et le Blues devient un Blues urbain. (Allez d’ailleurs voir la collection de guitare du Buddy Guy Club, tout en assistant à un concert).

Au final, le blues sera la base de nombreux courants : le rythm ‘and blues, le rock, mais aussi dans une certaine mesure le slam ou le hip-hop.

Alors, prêt à rouler dans les pas des bluesmen du sud remontant vers la liberté ? découvrez notre programme sur notre site :

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